Texte de référence : Évangile de Marc, chapitre 14, versets 42-52

Nous voici dans le jardin, le jardin « de douleur » comme le dit un chant. Alors que Jésus se lève après avoir sermonné ses disciples à cause de leur somnolence, Judas survient. Il n’est pas seul. Il montre le chemin à toute une troupe armée d’épées et de bâtons venant de la part des grands prêtres, des scribes et des pharisiens. En donnant un baiser à Jésus, Judas devient l’acteur d’une scène « mythique » ayant animé bien des discussions sur le thème de la trahison. Trahir quelqu’un par un baiser… y a-t-il plus tortueux que cela ? Pour les disciples l’heure est grave, à la décomposition. Puis à une fièvre fulgurante puisque dans le groupe, un disciple n’hésitera pas à dégainer son épée…

Toute cette histoire on la connaît, mais un détail très succinct vient enrichir le texte. Ce généreux détail, c’est celui du dépouillement d’un jeune disciple. « Un jeune homme le suivait, n’ayant qu’un drap sur le corps. On l’arrête, mais lui, lâchant le drap, s’enfuit tout nu. ». 

Un jeune qui n’a qu’un drap pour vêtement ? D’où sort-il donc celui-ci ? Marc ne le dit pas. Et pourquoi un drap ? Nous n’en saurons pas plus si ce n’est qu’en pleine nuit, cela ne paraît pas invraisemblable (pour quelqu’un d’une certaine condition sociale tout du moins)… 

Pour lui comme pour d’autres, un signal a donné l’alerte pour prendre la fuite. Ce signal, c’était la soi-disant “défense” de Jésus : « Chaque jour j’étais parmi vous dans le Temple à enseigner et vous ne m’avez pas arrêté ». Ça commençait bien, les disciples savent que Jésus est innocent. Il peut donc se défendre de toute accusation. Mais voilà, Jésus ne s’arrête pas là : « […] c’est pour que les Écritures soient accomplies ». C’est à ce moment que tout le monde s’enfuit. Tous finissent par comprendre que Jésus ne sauvera pas sa peau, et ce malgré la présente injustice. 

Pour ce jeune disciple, c’est hors de question ! Lui veut sauver sa peau ! À tel point que le seul drap qui le gardait d’une nudité apparente, et donc d’une certaine décence (!), il n’a pu le garder dans sa fuite ! Son nom est tu, mais pour nous, il est donc “le jeune disciple qui s’enfuit tout nu”… Cette scène est très violente quand on y réfléchit. Et en même temps, elle en dit long sur Jésus. La nudité du jeune disciple prêt à tout pour échapper à son arrestation souligne avec d’autant plus de force la fidélité de Jésus aux Écritures. Alors oui, un disciple s’enfuyant tout nu, ça paraît étonnant, mais cela nous pousse encore davantage à admirer le Christ prêt à tout pour nous aimer jusqu’au bout. Et voilà pourquoi… c’est important !

Kévin Commere