Mardi (Temps de Pâques)

« Alors Jonas voulut s’enfuir à Tarsis pour échapper au Seigneur. » Jonas 1.3. « Alors j’ai dit : Je viens − dans le rouleau c’est écrit à mon sujet − pour faire, ô Dieu, ta volonté. » Hébreux 10.7
Aussi bizarre que cela puisse paraître, une vérité peut être mise en lumière par une autre, plus « sombre ». C’est la raison pour laquelle j’ai pensé à ces deux versets en ce mardi de semaine sainte. Non pas que l’œuvre du Christ ne soit pas suffisante pour que nous puissions en parler sans autre référence, mais d’autres éléments peuvent aider à davantage prendre la mesure de son action.
Pour illuminer l’œuvre de Jésus je pense à Jonas. Jonas n’a pas bonne presse. Son nom a beau vouloir signifier « colombe » on ne pense pas premièrement à lui comme un homme de paix ni d’amour.
On ne connaît pas grand chose de lui avant son appel par Dieu à aller faire une proclamation contre la ville de Ninive. Jonas la colombe doit alors jouer l’oiseau de malheur envers les ninivites, peuple guerrier connu, entre autres, pour sa cruauté.
Jonas ne répond rien, mais en prenant un bateau faisant voile dans la direction opposée, impossible de se tromper. Jonas s’enfuit. En réalité, Jonas ne veut pas proclamer quoi que ce soit aux habitants de Ninive de peur que ceux-ci se repentent. Après tout, ils dépassent bien trop les bornes pour jouir du pardon divin.
Jonas c’est moi. Dans mon désamour de l’autre, dans mon égoïsme.
Jésus quant à lui est tout à fait d’accord avec Jonas. Les hommes de toute la terre, pas seulement les ninivites, ne méritent pas non plus de jouir du pardon divin. Pour quelle raison cela serait-il rendu possible ? Par quels critères ?
Mais Jésus est différent ; son moteur c’est son amour pour les autres. Son moteur, c’est la joie de sauver ceux qui meurent. Ce qui le motive au plus profond de lui-même c’est de chercher et de trouver ceux qui sont perdus. Pour ce faire, Jésus n’a jamais fui. Quand il a pris un bateau, c’était pour aller vers « l’autre rive » là où plusieurs ne l’avaient pas encore vu, là où plusieurs avaient besoin d’un médecin pour le salut de leurs corps et de leurs âmes.
Jésus est allé du nord au sud, de l’est à l’ouest frappant aux portes des cœurs en mal d’eux-mêmes, en mal de Dieu.
Nous caricaturons souvent Jonas dans sa crainte d’une mission pourtant assez simple à réaliser. Mais comment voyons-nous l’acceptation par Jésus d’une mission si difficile à accomplir, voire simplement à envisager ?
Or Jésus n’a pas seulement accepté une mission difficile, en dépit de sa volonté. Jésus n’a pas été envoyé au « casse pipe » par un « père » qu’on saurait trop bien qualifier.
Si Jonas n’a pas eu de mot pour prendre la fuite, Jésus en a utilisé quelques-uns pour dire son amour pour ceux qu’il venait sauver. « J’ai vivement désiré manger ce repas avec vous » dira-t-il lors du dernier repas avec ses disciples (Luc 22)…
L’auteur de l’épître aux Hébreux met aussi cet amour et cette ferme volonté dans la bouche du Christ. Ces versets sont pour nous, pour que nous les méditions dans le calme, l’introspection et la reconnaissance : « Alors j’ai dit : Je viens − dans le rouleau c’est écrit à mon sujet − pour faire, ô Dieu, ta volonté. » Hébreux 10.7