Le président idéal

Impossible de passer à côté de cette information assénée en continu jusqu’à saturation : le nouveau Président de la République Française a été élu à l’âge de 39 ans. Les commentateurs se sont délectés de cette réalité quasi rocambolesque, avant de souligner dans une parfaite unanimité la question : « Aura-t-il l’expérience nécessaire pour remplir la fonction ? ». Banalité proposée comme analyse originale. Les entreprises n’hésitent pourtant pas à viser ce couple improbable : « cherche jeune professionnel, expérience souhaitée ». Contradiction ou méprise sur les mots ?
A l’heure des infos en continu, les commentaires, analyses et questionnements « ne vivent que ce que vivent les roses » comme a dit le vieux poète. Combien de temps vivra ce thème de l’expérience ? Certainement autant et pas plus que celui qui avait inondé les médias juste auparavant : « Sortons les vieux politiciens ! Tous pourris ! Place aux jeunes ! ». Les électeurs ont applaudi le slogan dans les urnes… Et voilà qu’on se prend presque à regretter les anciens responsables dont on connaissait presque tout et dont on pouvait au moins vilipender les errements… L’inconnu est déstabilisant.
Comme on n’aime pas être déstabilisé, une fois la surprise passée, on renoue avec les vieux réflexes. La trop grande jeunesse et le manque d’expérience laissent déjà la place à une nouvelle question : l’éthique du nouveau gouvernement ne serait-elle pas douteuse ? On exige des dirigeants à la fois jeunes et expérimentés, mais surtout irréprochables. Nous méritons bien ça, non ? Des dirigeants à notre image de citoyens modèles.
La Bible parle abondamment de nombreux dirigeants et de leur peuple. Ainsi Moïse, porteur d’une vision claire associée à une solide expérience, mais sans cesse contesté par son peuple. Ou le jeune David, épris de droiture, qui s’empêtre dans une histoire glauque indéfendable. Ou encore Salomon, bénéficiant d’une lucidité politique exceptionnelle avant de sombrer dans des options catastrophiques pour son pays. Quant aux citoyens, ce n’est pas mieux : « Pourquoi ce peuple persiste–t–il dans sa mauvaise voie ? Fermement, les gens de ce peuple s’attachent à leurs illusions » (Jérémie 8:5). Citoyens modèles victimes de mauvais dirigeants ? Prétention illusoire assène le Seigneur.
Le Général André Babst disait après la Grande Guerre : « Un pessimiste, c’est un optimiste qui a beaucoup d’expérience ». Vision désespérante de la société. Ne reste-t-il donc plus qu’à jeter passivement un regard désabusé sur les affaires du monde ? Certainement pas ! Si le Seigneur enlève nos illusions, c’est pour ouvrir nos yeux sur la seule espérance qui ne trompe pas : Il prépare un avenir solide à ceux qui lui confient leur vie.
Et dans l’attente, il donne ce conseil : « Priez pour tous ceux qui détiennent l’autorité, afin que nous puissions mener, à l’abri de toute violence et dans la paix, une vie qui exprime notre foi en Dieu, étant libres de le servir conformément à sa volonté, en toute dignité et honorabilité » (1 Timothée 2:2)
Pierre Lugbull