Ressentir l’amour de Dieu ?

Ressentir l’amour de Dieu ?

« C’est auprès de Dieu que je peux ressentir tout l’amour qu’il a pour moi […] ».
Voici des paroles que nous avons l’occasion de chanter dans notre Église. Je dois le dire, c’est un chant que j’apprécie, mais comme pour plusieurs autres, c’est aussi un chant que j’hésite de plus en plus à choisir lorsque je dois présider un temps de louange.
Pourquoi donc ?
Disons d’abord que les paroles de ce cantique ne contredisent pas ce que nous croyons. Au contraire, c’est même une évidence : si ce n’est pas auprès de Dieu que je peux ressentir tout l’amour que Lui-même a pour moi, me voilà bien embêté ! Où donc pourrai-je aller pour combler ce vide métaphysique qui m’habite ? Je le crois, c’est auprès du seul Dieu de Jésus-Christ que je peux être comblé de la sorte, et même plus encore.
Cependant, c’est la question du ressenti qui me chiffonne un peu. À notre époque, je pourrai passer pour un vieux sage (comprenez : un vieux fou) de ne pas faire la promotion de tout ce que nous pouvons / devons ressentir. Après tout, tout autour de nous n’est presque plus question que d’émotions et de ressentis. Ainsi nous sommes à la recherche de sensations fortes, et le buzz sur Internet fonctionne grâce à ce que nous ressentons en lisant un article, en regardant une vidéo ou une photo.
Soit dit en passant, c’est bien le Seigneur qui nous a doté de toute la palette d’émotions dont nous disposons. Ce n’est donc pas une malédiction au contraire, pourquoi vouloir les éviter ? Faisons en bon usage !
« Bon usage » c’est là ce qui m’intéresse. Tout aussi puissants qu’ils soient, nos ressentis peuvent parfois nous jouer de drôles de tour ! Qui n’a jamais vécu cela ? Cela ne veut pas dire que notre ressenti est faux, mais que ce dernier n’a pas correspondu à une réalité bien précise. Moi que l’avion paralyse, ce n’est pas avec la fameuse statistique de la sécurité de l’avion par rapport à la voiture que vous allez m’éviter les sueurs froides avant d’entrer dans la carlingue !
Et puis plus important encore, cela pose surtout la question de l’absence de ressenti. C’est peut-être un abus de langage, mais figurez vous que j’y suis sensible à cette absence !
Même si tout autour de moi, et même dans l’Église, je suis invité à ressentir les choses (parfois la présence de Dieu), je dois dire que je ne ressens rien plus souvent que ce que je ne ressens quelque chose. Merci mon Dieu lorsque je ressens ta présence ou que je comprends ce que tu me dis ! Mais pour toutes ces autres fois alors ? Cela voudrait-il dire que tu n’es pas là ? Que tu ne me dis rien ? Que tu ne m’aimes pas ou plus ?
Pour répondre, en partie, j’ai plaisir à citer une grande sœur dans la foi suite à une de mes prédications préparée dans la douleur. Je lui avais demandé de prier pour moi et voici ce qu’elle m’a écrit, entre autre, suite au message : « Ce qui est intéressant aussi, c’est que, même si tu ne te sentais pas porté cette fois-ci, ton message était pertinent. Autrement dit, une prédication peut être être tout aussi bien, qu’elle ait été préparée dans l’angoisse de la page blanche ou avec facilité. Ou pour aller plus loin, le fait de se sentir inspiré ne fait pas d’un message un message plus inspiré qu’un autre. Ce n’est pas notre sensation/sentiment qui compte mais bien ce que l’Esprit de Dieu fait de cet outil que nous sommes. ». Pour une fois, c’est à moi de dire AMEN ! Oui, je crois que le Saint-Esprit est à l’œuvre en moi, même quand je ne le ressens pas.
Nous pourrions dire encore bien des choses, dans un sens ou dans l’autre. Je choisis pour ma part de suivre le vocable de Paul : « Car je suis persuadé que ni mort, ni vie, ni anges […] ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu en Jésus-Christ, notre Seigneur. » Romains 8. 38-39.