«Je ne crois que ce que je vois»

Cette confession de foi est certainement l’une des plus proclamée, en tout cas dans le monde occidental. Elle est la pierre angulaire de la première des religions par le nombre de ses adeptes. On en attribue volontiers la paternité à Thomas qui douta lorsque ses condisciples lui annoncèrent la résurrection de Jésus. Pauvre Thomas ! S’il savait combien ses interrogations d’un moment hors du commun ont été transformées en credo justifiant une existence désabusée et sans but.
« Je ne crois que ce que je vois » . Matérialisme assumé au nom d’une science censée conforter cette déclaration péremptoire. Mais la science se méfie des évidences. Que voient nos yeux d’après elle ? Une très fine tranche d’ondes électromagnétiques encadrée par les infrarouges d’un côté et les ultraviolets de l’autre, invisibles à nos yeux mais pourtant bien présents. Juste une petite question de fréquence de vibration et l’on passe du visible à l’invisible. Et si ces fréquences de vibrations varient encore davantage, cela devient par exemple des ondes radio. De tout cet univers électromagnétique, mon œil n’en voit qu’une infime partie.
«Je ne crois que ce que je vois». Vraiment ? Et cette brûlure de peau due aux UV que mon œil n’a pas vue ? Et l’onde porteuse de France Info ou Radio Omega que mon œil n’a pas discernée non plus ? Sans compter que mon œil joue parfois de drôles de tours, voyant même ce qui n’existe pas ! Cette flaque d’eau au loin sur la route surchauffée de l’été… Inutile de faire du tourisme au Sahara, mon œil a été victime d’un mirage, trompé par la courbure des rayons lumineux sous les fortes chaleurs.
« Je ne crois que ce que je vois ».  Avec un œil qui ne voit presque rien de l’immensité de la réalité, et qui peut même être trompé dans la toute petite partie qu’il discerne, me voilà bien mal armé ! En tout cas, la méfiance est de mise. Méfiance envers ceux qui voudraient me convaincre de la validité de leur credo réducteur. Il existe quantité de choses que je ne peux voir.
Pourtant le peu de choses que perçoit notre œil est tellement beau dans sa palette de coloris ! Quand on réalise que ce n’est qu’une faible tranche de l’immensité de la création, on ne peut qu’être dans l’admiration de l’œuvre du Créateur. Même s’il n’a pas jugé bon de nous en dévoiler davantage. N’aurions-nous pas risqué l’éblouissement ?
La vue n’est qu’un domaine matériel de l’œuvre de Dieu. Il en est d’autres qui échappent à nos sens limités : la présence du mal, le pourquoi de mon existence, la place de Dieu dans l’histoire,… Ces réalités non palpables mais vitales pour notre vie, Dieu a choisi de nous les révéler dans sa Parole. Le moyen de découvrir qu’il y a bien plus que ce que voient nos yeux : « Ce que l’on peut voir ne dure qu’un temps, les réalités invisibles demeurent éternellement » ( 2 Corinthiens 4.18).
Pierre Lugbull